Vous avez dit Psychologie Positive ?
Avant de découvrir la psychologie positive, je faisais partie de cette catégorie de personnes très ancrées dans la suspicion et le cynisme. Pour être plus franche, je faisais partie de cette catégorie de personnes qui vous répondent quand vous leur dites : » Qu’est-ce qu’il fait beau aujourd’hui ! » ou » Pas sûre que ça dure… « .
Les sceptiques, les râleurs, les revendicateurs…
Toutes ces personnes-là, je les repère aujourd’hui très facilement, comme une personne anciennement dépendante perçoit les signes imperceptibles du manque chez un autre.
Au détour d’une conversation, une amie me conseilla de mettre le nez dans un bouquin dénommé Petit traité de vie intérieure de Frédéric Lenoir. Mon premier réflexe, comme vous l’imaginez, a été d’étouffer un petit rire cynique.
On me conseillait d’ouvrir un livre qui allait, pensais-je encore me raconter une belle histoire : il suffit de positiver pour que tout aille bien !
Pour moi, tous ces mouvements de pensée positive, de méthode Coué n’étaient bon qu’à nous bercer d’illusions.
À la recherche de connaissances
À cette période, je débutais encore dans la formation, et j’étais à la recherche de connaissances pouvant les alimenter. Après tout, me suis-je dit, cela peut me servir d’apport pour la gestion du stress. C’est donc d’un œil très sceptique que je parcourais le premier chapitre, plus curieux le deuxième et c’est au troisième qu’un nouveau chemin s’ouvrit devant moi : non, apprécier l’instant présent ou apprendre à repérer le bon côté de notre vie n’est pas un truc de gourou, ce n’est pas non plus un truc fourre-tout que l’on sort dès que l’on ne sait plus quoi dire. C’est une question (philosophique, psychologique, sociologique…) débattue depuis la nuit des temps.
Certains sont plus doués pour le bonheur
C’est par cette lecture qu’une évidence criante et des plus injustes m’est apparue : certains sont plus doués pour le bonheur que d’autres (comme moi). Question : que font ces autres ? Ils doivent s’entraîner. Et c’est là que la Psychologie Positive prend toute sa place.
Car les lignes de ce petit traité m’ont donné envie d’aller plus loin. C’est à travers elle que j’ai fait la connaissance d’un nouveau (pensais-je) courant de la psychologie : la psychologie positive (PP).
Autant le dire tout de suite, le terme « psychologie positive » n’a pas été très attrayant. Je l’ai tout de suite associé à la « pensée positive » et à toutes ces techniques qui promettent le bonheur pourvu qu’on sache s’en convaincre. Psychologue, je suis bien placée pour savoir que les choses ne sont pas aussi simples.
Une autre orientation !
Officiellement lancée par Seligman aux États-Unis en 1998 (les études ont commencé bien avant), ce psychiatre, qui s’est longtemps intéressé aux troubles pathologiques comme la dépression, a pris le parti de considérer plutôt ce qui constitue la bonne santé mentale et de s’intéresser donc au fonctionnement optimal de l’être humain. À ses capacités à mobiliser ses ressources face à l’adversité, aux stratégies cognitives et comportementales qu’il peut mettre en place.
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de discriminer les autres disciplines de la psychologie comme la psychopathologie, la clinique. Mais ces recherches ont ouvert de grandes perspectives d’applications dans la prévention et la promotion de la santé mentale.
Les caractéristiques des gens heureux
Autrement dit, la question centrale de la PP pourrait se résumer ainsi : quelles sont les caractéristiques des gens heureux ? Ces caractéristiques ont été mises à jour (la discipline est encore récente et les études sont fécondes…) et l’on y retrouve des concepts comme l’optimisme, la gratitude, l’espoir, les forces de caractère… Des caractéristiques donc, si je veux développer mon bien-être, que je peux entraîner. Car tout l’intérêt de la psychologie positive réside dans l’entraînement. Par exemple, grâce à la neuroplasticité cérébrale, nous pouvons entraîner notre cerveau à mieux repérer ce qui va puisque nous repérons de toute façon très facilement ce qui ne va pas !
Les préjugés et malentendus
Gratitude, altruisme, optimisme, positive
Tous ces mots sont tellement connotés, qu’il me semble normal d’en être méfiant de prime abord… Voici donc quelques préjugés que nous entendons fréquemment quand nous parlons de Psychologie Positive.
Psychologie positive ≠ Pensée positive
Tout d’abord, il semble important de préciser que la psychologie positive n’est pas la pensée positive (que celui qui n’a jamais lu une phrase « positive » en se disant « ils sont bien gentils » lève la main !). La PP ne stipule pas qu’il suffit de positiver pour que tout aille mieux : elle étudie plutôt les mécanismes cognitifs sous-jacents au sentiment de bien-être.
Là où la pensée positive agit un peu comme des calques que je superpose sur la réalité pour la colorier, la PP propose plutôt des exercices de déduction et de raisonnement qui engagent un remaniement cognitif de mon fonctionnement.
Par exemple, qu’est ce qui fait que face à un même problème, une première personne s’effondrera en larmes et la seconde se motivera à l’action ? La PP a mis en évidence que les émotions positives (concept plus complexe qu’il n’y paraît) jouaient un rôle important dans la résolution de problème et que l’entraînement à éprouver des émotions positives était possible. Je peux cultiver ma capacité à ressentir des émotions positives et les nourrir, ce qui implique un moyen terme et un long terme, effort qui me permettra dans le temps d’être plus à même de réagir de manière constructive face à un problème.
La pensée positive, elle, consisterait simplement à se répéter une phrase un peu à la manière d’un cataplasme magique, dans l’immédiat, sans impact durable sur le long terme.
La psychologie positive n’est pas naïve
Voici un autre malentendu à évacuer tout de suite : la psychologie positive n’est pas naïve (au contraire, la rigueur scientifique est primordiale dans les différentes recherches) et non plus dans le déni de la réalité. Il ne suffit pas de me répéter que je vais bien pour aller bien (seules les émotions sincères engagent les réactions physiologiques et psychologiques qui aliment le bien-être) ! Au contraire, ses perspectives d’application engagent plutôt les personnes à des actions qui ont du sens pour elles et à développer des compétences qui favorisent le bien-être. Les exercices de PP demandent donc des efforts et de l’entraînement.
Pour poursuivre la liste des malentendus, avant de « rencontrer » la PP, tous les titres de magazines ou de livres qui comportaient le mot bonheur me faisaient grincer des dents !
« Du bonheur par ci, du bonheur par là, du bonheur à toutes les sauces et à toutes les heures ! ».
Un peu comme si nous n’avions plus le droit d’être malheureux… Et bien oui, qui aurait envie d’être malheureux ? Personne, mais je ne connais non plus personne qui est tout le temps heureux (ou alors, nous appelons cela de la manie).
Pour aller un peu plus loin, il me semble important de ne plus opposer bien-être et mal-être, mais plutôt d’apprendre à cultiver le premier pour contrecarrer les effets du second ou passer des périodes difficiles.
La PP ne vend pas du bonheur, ni même ne le promet ! Elle explique simplement les mécanismes et outils qui peuvent conduire à un mieux-être. À chacun ensuite de trouver ce qui lui correspond le mieux et de s’entraîner.
Enfin et surtout, la PP semble énoncer des évidences, mais des évidences désormais légitimées (ou pas d’ailleurs) par les différentes études.
Si comme moi, vous comptez au sein de vos proches de bons vieux cyniques, ne soyez pas étonnés qu’ils vous répondent « Ben oui ! Le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ! ». C’est de bonne guerre, je le concède. Mais encore une fois, il existe des personnes qui semblent naturellement pourvues de ces capacités et d’autres qui doivent se mettre au travail pour y parvenir. L’important n’est pas tellement de savoir tout cela, mais plutôt de le mettre en pratique !
Les bases pour comprendre la Psychologie Positive
Voici donc en préambule, les bases pour comprendre et appliquer la psychologie positive :
- Rien n’est figé : nous avons tous des traits de personnalité, mais ces traits-là peuvent bouger à condition d’avoir une démarche volontaire.
- La première de ces démarches est de prendre conscience de son propre fonctionnement et de le regarder avec recul. Nous sommes souvent notre propre bourreau !
- La psychologie positive consiste en une hygiène de vie : un seul exercice ne sert à rien, mais entrelacé à d’autres exercices et corrélé à un entraînement régulier et constant, elle permet de développer une bonne santé mentale ou de la maintenir.
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Axelle Bonhomme - Psychologue
Psychologue libérale depuis 2008, ma pratique s’appuie sur les TCC, l’ACT et la Psychologie Positive.
Ma démarche est promouvoir une psychologie concrète et adaptée aux besoins de chacun.
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