Engagez-vous!
Motivé ! Motivé !
Une des questions souvent compliquées avec les patients reste la question de la motivation : bien sûr, on comprend qu’il faudrait faire ceci, ou cela, mais paradoxalement, soit l’envie peut manquer (ce qui est caractéristique en phase dépressive ou en phase aigu de toute forme de psychopathologie) soit, tout simplement, notre mode de fonctionnement s’est toujours caractérisé par une certaine forme d’apathie ou une difficulté à aller vers l’action.
Aujourd’hui, les recherches démontrent que l’une des pierres angulaires du bien-être résidait dans la question de l’engagement : selon une étude de Csikszentmihalyi (2007), agir augmente chez l’individu son niveau de satisfaction par rapport à lui-même et sa vie et partant, son niveau de bien-être. C’est ce qu’on appelle le cycle de l’engagement : plus je m’engage dans une action, plus je développe mes chances de m’améliorer et en retire donc davantage de satisfaction et de plaisir, ce qui vient alimenter mon engagement dans l’action. C’est là que s’inscrit le cercle vertueux évoqué souvent auprès des personnes présentant un manque de confiance en soi.
Si nous prenons l’exemple du manque de confiance en soi, cela se caractérise souvent par les étapes suivantes : comme je pense ne pas valoir grand chose, je pense que je ne peux pas y arriver, du coup je ne fais rien, comme je ne fais rien, je n’obtiens rien et comme je n’obtiens rien, je me dis que décidément je ne vaux pas grand chose. Il ne s’agit pas de dire qu’il suffit d’agir pour obtenir ce que vous voulez (si seulement cela pouvait être aussi simple…) mais plutôt de prendre conscience qu’en m’engageant dans des actions concrètes, je développe déjà une meilleure estime de moi. Cela permet de sortir du sentiment d’impuissance, qui se caractérise par l’impression de subir la situation, et d’aller vers un sentiment de maîtrise, participant au bien-être. Si aujourd’hui les études montrent que s’engager dans une action (professionnelle, sportive, familiale…) semble donc être le moteur d’une vie d’épanouissement et d’accomplissement, quelles sont les caractéristiques de cet engagement-là ?
Il faut se motiver?
Tout d’abord, le choix doit être personnellement motivé, c’est à dire que j’ai choisi moi-même de mener cette action. Si par exemple, mon compagnon m’offrait une inscription à une salle de sport pour Noël alors que le sport et moi ne sommes pas très amis, il est sûr, d’une part, que je n’apprécierais que moyennement ce petit cadeau et que, d’autre part, je cesserais vite de m’y rendre après quelques séances pour « lui faire plaisir ». Autrement dit, sans motivation, pas d’engagement !
Mais la motivation est bien sûr plus complexe que cela. On distingue déjà deux types de motivation : la motivation intrinsèque, guidée par mon envie personnelle qui me pousse à mobiliser mes forces et mes ressources pour accomplir quelque chose dont j’ai envie ou le faire simplement pour le plaisir ; et la motivation extrinsèque, quand je m’applique à faire des choses autrement que pour assouvir mon envie (travailler pour obtenir un salaire, faire le ménage pour que la maison ne ressemble pas à un champ de combat…).
Dans la théorie de l’autodétermination, Deci et Ryan (1985) ont montré que trois besoins essentiels devaient être comblés pour amener l’individu à son accomplissement. Tout d’abord la possibilité de mettre en œuvre ses compétences et en obtenir les effets souhaités (besoin de compétence). Ensuite, se sentir autonome (besoin d’autonomie) dans ce que l’on fait, aussi bien dans le choix de l’activité dans laquelle on s’engage que dans les actions que l’on met en place (il s’agit bien d’un sentiment et pas nécessairement d’une réalité) : cela signifie également que les actions mises en place correspondent à nos valeurs. Et enfin mettre en place ces actions entourées d’autres personnes (besoin d’appartenance sociale). Pour résumer tout cela, mon engagement me permettra d’aboutir à mon épanouissement si par exemple au travail je peux mettre en œuvre mes compétences et qu’elles me permettent d’aboutir au résultat escompté, que j’ai le sentiment qu’on me laisse autonome dans les tâches qui me sont assignées et que les personnes pour lesquelles ou avec lesquelles je réalise cette tâche ont de l’importance pour moi. D’ailleurs, les études montrent que si ces trois conditions sont réunies, les employés gagnent en estime de soi, en satisfaction professionnelle et du coup développent une meilleure santé psychique.
Et comment fait-on ?
Vous l’aurez donc compris, une vie épanouissante passe par un engagement dans des activités motivées, choisies ou sinon importantes et en lien avec ses valeurs. Ilona Boniwell conseille quelques petits exercices pour développer ce type de motivation. Pour cultiver la motivation intrinsèque, il existe quelques règles de base : tout d’abord choisir des activités pas trop difficiles (si elles sont trop faciles, elles ne procurent que très peu d’émulation et si elles sont trop difficiles, elles peuvent conduire à l’échec), qui sont en adéquation avec nos compétences (si je projette de peindre une toile en une semaine alors que je n’ai jamais touché un pinceau de ma vie, je suis à peu près sûre de ressentir plus de gêne qu’autre chose) et qui surtout, procurent un sentiment de satisfaction.
Autrement, avant d’entreprendre quelque chose ou de répondre trop rapidement oui à une demande, posez-vous simplement la question « pour qui et pour quoi je fais cela ?». Rien que cette petite mise à distance permet d’être plus au clair avec ce qui nous motive.
Tenir compte de la réalité
On objecte facilement que dans la vie, on fait rarement ce que l’on veut. Cela est vrai, tout comme il est vrai que l’indépendance n’existe pas : je suis toujours dépendant de quelqu’un ou de quelque chose ! Il ne s’agit donc pas tellement de mettre un terme à toutes les activités ou tous les choix qui ne sont pas librement consentis mais plutôt de redonner du sens à tout cela : si je postule que je travaille simplement pour gagner de l’argent, que j’ai besoin de gagner de l’argent parce que la société s’est construite ainsi et que décidément l’argent n’a aucun sens, il est clair que ma motivation à travailler va davantage s’en retrouver affaibli que si je fais l’effort cognitif de mettre du sens dans ce que je fais : ok, je suis obligée de travailler pour pouvoir gagner de l’argent et vivre, mais si je regarde bien, mon travail ne peut-il m’apporter d’autre chose? Des relations bonnes et moins bonnes, des réussites mais aussi des échecs, des satisfactions et des insatisfactions qui au final font partie d’un tout qui s’appelle la vie.
Lorsque la personne constate qu’au final, il y a plus d’insatisfactions que de satisfactions à faire quelque chose, elle peut alors se mobiliser pour aller vers le changement. Certes, ce chemin n’est pas facile (il est toujours plus confortable de rester dans ce que je connais), mais il peut s’avérer riche d’épanouissement… Pour commencer, voici un petit exercice simple à mettre en application : demandez-vous ce que vous reportez tout le temps et qui pourtant pourrait vous faire du bien (sport, loisir,…). Posez-vous la question pourquoi vous reportez sans cesse son exécution, discutez les arguments que vous avancez (sans tomber dans l’auto-dévalorisation…) et fixez vous un objectif général. Puis pour vous aider dans votre progression, créez des sous-objectifs, ne vous concentrez que sur un sous-objectif à la fois et une fois atteint, visez le second pallier. Et surtout, pensez à vous valoriser quand vous atteignez chaque sous- objectif ! Il n’y rien de pire que de se fixer de trop gros objectifs en un temps trop court. Les personnes qui font des régimes savent de quoi je parle…
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Axelle Bonhomme - Psychologue
Psychologue libérale depuis 2008, ma pratique s’appuie sur les TCC, l’ACT et la Psychologie Positive.
Ma démarche est promouvoir une psychologie concrète et adaptée aux besoins de chacun.
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